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Le dimanche qui suivit cette exécution, M. de

    contre le Stathouder, en 1787. Avec une tête ardente et fertile en projets, Favras ne cessait d’en proposer dans toutes les circonstances et sur tous les objets. Il en avait présenté un grand nombre sur les finances ; et au moment de la révolution, il en présenta sur la politique, qui le rendirent suspect au parti révolutionnaire. On sait que, dans l’état d’exaltation où se trouvaient alors les esprits, il suffisait aux meneurs de désigner une victime pour qu’il lui devînt impossible d’échapper à la fureur populaire. Favras fut accusé, dans le mois de décembre 1789, d’avoir tramé contre la révolution ; d’avoir voulu introduire, la nuit, dans Paris, des gens armés, afin de se défaire des trois principaux chefs de l’administration, d’attaquer la garde du roi ; d’enlever le sceau de l’État, et même d’entraîner le roi et sa famille à Péronne. Arrêté par ordre du comité des recherches de l’Assemblée nationale, il fut traduit au Châtelet, où il se défendit avec beaucoup de calme et de présence d’esprit, repoussant avec force les accusations portées contre lui par les sieurs Morel, Turcati et Marquié. Ces témoins déclarèrent avoir reçu de lui la communication de son plan, qui devait être exécuté par 12,000 Suisses et 12,000 Allemands qu’on devait réunir à Montargis, pour de-là marcher sur Paris, enlever le roi et assassiner MM. Bailly, La Fayette et Necker. Il nia la plupart de ces faits, et déclara que les autres n’avaient de rapport qu’à la levée d’une troupe destinée à favoriser la révolution qui se préparait dans le Brabant. Le rapporteur ayant refusé à Favras de lui faire connaître son dénonciateur, il s’en plaignit à l’Assemblée, qui passa à l’ordre du jour. Sa mort était évidemment devenue inévitable. Pendant tout le temps que dura la procédure, la populace ne cessa de menacer les juges et de crier : À la lanterne ! Il fallut même que des troupes nombreuses et de l’artillerie fussent constamment en bataille dans la cour du Châtelet. Les juges qui venaient d’acquitter M. de Besenval dans une affaire