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Louis XVI serait mis en tutelle, au retour des émigrés, ce qui augmenterait encore ses propres malheurs. Souvent elle me disait : « Si les émigrés réussissent, ils feront long-temps la loi ; il sera impossible de leur rien refuser ; c’est contracter avec eux une trop grande obligation que de leur devoir la couronne. » Il m’a toujours paru qu’elle désirait que sa famille balançât, par des services désintéressés, le mérite des émigrés. Elle redoutait M. de Calonne, et c’était à juste titre. Elle avait acquis la preuve que ce ministre était devenu son plus cruel ennemi, et qu’il se servait pour noircir son caractère, des moyens les plus vils et les plus criminels. Je puis attester que j’ai vu dans les mains de la reine un manuscrit des mémoires infâmes de la femme Lamotte, qu’on lui avait apporté de Londres, et qui était corrigé, de la main même de M. de Calonne, dans tous les endroits où l’ignorance totale des usages de la cour avait fait commettre à cette misérable de trop grossières erreurs.

Les deux gardes du roi qui avaient été blessés à la porte de Sa Majesté, le 6 octobre, étaient MM. du Repaire et de Miomandre de Sainte-Marie ; le second, dans l’affreuse nuit du 6 octobre, avait pris le poste du premier, aussitôt que celui-ci eût été mis hors d’état d’y rester.

M. de Miomandre était, à Paris, lié avec un autre garde, nommé Bernard, qui avait reçu, le même jour, un coup de fusil des brigands, dans une autre