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l’influence sur elle ; mais cela dura peu. Le comte Auguste de La Marck se dévoua de même à des négociations utiles au roi, auprès des chefs des factieux. M. de Fontanges, archevêque de Toulouse, avait aussi la confiance de la reine ; mais rien de ce qui se faisait dans l’intérieur ne pouvait amener des résultats satisfaisans. L’impératrice Catherine II fit aussi parvenir à la reine son opinion sur la situation de Louis XVI, et la reine m’a fait lire quelques lignes de la propre écriture de l’impératrice, qui se terminaient par ces mots : « Les rois doivent suivre leur marche sans s’inquiéter des cris du peuple, comme la lune suit son cours sans être arrêtée par les aboiemens des chiens. » Je ne discuterai sûrement pas sur cette maxime de la despotique souveraine de Russie ; mais elle était bien peu applicable à la position d’un roi déjà prisonnier.

Tous ces conseils particuliers, soit du dehors, soit de l’intérieur, n’amenaient aucune décision dont la cour pût profiter. Cependant le parti de la révolution suivait son audacieuse entreprise d’un pas ferme, et sans éprouver d’opposition. Les conseils du dehors, tant de Coblentz que de Vienne, influaient diversement sur les membres de la famille royale, et ces cabinets n’étaient pas d’accord. J’ai eu souvent occasion de juger, par ce que me disait la reine, qu’elle pensait, qu’en laissant tout l’honneur du rétablissement de l’ordre au parti de Coblentz,