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Mesdames, tantes du roi, partirent de Bellevue au commencement de l’année 1791[1]. Je fus prendre

  1. Alexandre Berthier, prince de Neufchâtel, alors colonel dans l’état-major de l’armée, et commandant la garde nationale de Versailles, favorisa le départ de Mesdames. Les jacobins de cette ville le firent destituer, et il courut les plus grands périls pour avoir rendu ce service à ces princesses*.
    (Note de madame Campan.)

    *. Le départ de Mesdames eut l’importance d’un événement. C’en était un véritablement que cet essai fait par la cour des moyens à prendre pour quitter Paris : Je rapporterai ici, d’après les Mémoires consacrés à l’histoire de ces princesses, ce qui concerne le général Berthier (depuis prince de Wagram), et son intervention dans le départ de Mesdames. On trouvera dans les éclaircissemens (lettre H) des discours, des faits, des délibérations qui prouvent les soupçons qu’avait conçus le parti national, et les intentions cachées de l’administration.

    « Une foule de femmes se rendirent à Bellevue pour s’opposer au passage de Mesdames. Arrivées au château, on leur dit que Mesdames n’y étaient plus, et qu’elles étaient parties avec une suite de vingt personnes. La nouvelle de ce départ causa une grande fermentation au Palais-Royal. Tous les clubs avertis donnèrent l’ordre aux chefs de mettre sur pied leurs troupes légères. Le département de Seine-et-Oise prit un arrêté portant qu’il n’y avait pas lieu de retenir les effets de ces princesses. La municipalité de Versailles fut chargée de requérir le commandant de la garde nationale et des troupes de ligne de prêter main-forte. Elle devait s’entendre avec les municipalités de Sèvres et de Meudon, pour faire cesser tous les obstacles.

    » Le général Berthier avait justifié la confiance du monarque par une conduite ferme et prudente qui devait l’élever aux premiers honneurs militaires, et fixer l’estime du guerrier dont il partagea la fortune, les périls et la gloire. Il s’était rendu à Bellevue, à minuit, le jour même que l’ordre avait été expédié. Dès que les municipalités de Sèvres et de Meudon furent instruites de son arrivée au château,