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si les excès de la révolution arrivaient à un degré qui dût lui faire prolonger son absence. Je savais par la reine que le départ de Mesdames avait été jugé nécessaire, pour laisser le roi libre dans ses démarches, lorsqu’il serait contraint de s’éloigner avec sa famille. La constitution du clergé ne pouvant être qu’en opposition directe avec les principes de religion de Mesdames, l’on pensait que leur voyage à Rome ne serait attribué qu’à leur seule piété. Cependant il était difficile de tromper une Assemblée qui devait peser les moindres actions de la famille royale, et, dès ce moment, on eut plus que jamais les yeux ouverts sur ce qui se passait aux Tuileries.

Mesdames désiraient emmener madame Élisabeth à Rome. Le libre exercice de la religion, le bonheur de se réfugier près d’un chef de l’Église, et de vivre avec sécurité auprès de ses tantes qu’elle aimait tendrement, tout fut sacrifié par cette vertueuse princesse à son attachement pour la personne du roi[1].

Le serment exigé des prêtres par la constitution civile du clergé, avait amené, dans l’Église de

  1. La Chronique de Paris, journal écrit sous l’influence du parti constitutionnel, fit paraître, au sujet du départ de Mesdames, l’article suivant :

    « Deux princesses, sédentaires par état, par âge et par goût, se trouvent tout-à-coup possédées de la manie de voyager et de courir le monde.... C’est singulier, mais c’est possible. Elles