Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/14

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mémento qui fut retrouvé dans le tiroir d’un bureau que M. l’abbé Georgel n’avait pas visité, lorsqu’il brûla, par l’ordre de son éminence, tous les papiers qu’elle avait à Paris. Ce mémento portait ces mots : « Aujourd’hui, 3 août, Bœhmer a été à la maison de campagne de madame Campan qui lui a dit que la reine n’avait jamais eu son collier et qu’il était trompé. »

Lorsque Bœhmer fut parti, je voulus le suivre et me rendre chez la reine, à Trianon ; mon beau-père m’en empêcha, et m’ordonna de laisser le ministre débrouiller une pareille affaire ; que c’était une intrigue infernale ; que j’avais donné à Bœhmer l’avis le plus convenable, et n’avais rien de mieux à faire.

Bœhmer, après avoir vu le cardinal, ne fut pas chez M. le baron de Breteuil, mais il se présenta à Trianon, et fit dire à la reine que je lui avais conseillé de venir lui parler ; on répéta ses propres paroles à Sa Majesté, qui dit : « Il est fou, je n’ai rien à lui dire, et ne veux pas le voir. » Deux ou trois jours après, elle me fit écrire de venir à Trianon ; je la trouvai seule dans son boudoir ; elle me parla de différens petits objets, et tout en lui répondant, je songeais au collier, et cherchais l’occasion de lui apprendre ce qui m’en avait été dit en dernier lieu, lorsqu’elle me dit : « Savez-vous que cet imbécille de Bœhmer est venu demander à me parler, en disant que vous le lui aviez conseillé ? J’ai refusé de le recevoir, continua la reine ; que me veut-il ? Le savez-vous ? » Alors je lui communiquai ce que