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net, en me disant qu’elle reviendrait le lendemain après son lever, achever cet emballage avec moi ; qu’une sentinelle était sous sa fenêtre ; qu’elle avait la clef de son cabinet dans sa poche, et ne voyait aucun danger pour ses bijoux. C’était donc le soir, après que nous eûmes quitté ce cabinet, ou le lendemain matin de très-bonne heure, que cette malheureuse avait surpris ces préparatifs secrets. Le coffre des diamans fut remis à Léonard, coiffeur de la reine[1], qui partit avec M. le duc de Choiseul, et ce dépôt fut laissé à Bruxelles. Déjà Leurs Majestés avaient livré à des commissaires de l’Assemblée les diamans de la couronne qui étaient à leur usage ; ceux que la reine avait fait sortir de France lui appartenaient en propre.

Ce fut lors de ces préparatifs de départ que la reine me dit qu’elle avait un dépôt bien précieux à me confier, et qu’il fallait que je trouvasse des gens honnêtes, d’une existence indépendante, et entièrement dévoués à leurs souverains, auxquels je confierais un porte-feuille qu’elle me remettrait. J’eus l’idée de choisir madame Vallayer Coster, peintre de l’Académie, logée aux galeries du Louvre, et à laquelle je trouvai, ainsi qu’à son mari, toutes les qualités que la reine exigeait dans les personnes qui se chargeraient de ce

  1. Ce malheureux rentra en France après avoir émigré quelque temps, et périt sur l’échafaud.
    (Note de l’édit.)