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dépôt. Ils furent aussi fidèles que je l’avais annoncé. Ce ne fut qu’en septembre 1791, après l’acceptation de la constitution, qu’ils me remirent ce porte-feuille. La femme criminelle, dont je n’ai eu que trop à parler, avait fait aussi quelques délations sur ce fait. Elle disait qu’elle avait vu un porte-feuille sur un fauteuil où jamais il n’y en avait eu de placé ; que la reine me parlait bas en me le montrant, et que, depuis ce moment, il avait disparu. M. Bailly, qui remit deux pages entières de ces dénonciations à la reine, n’en avait fait aucun usage qui eût pu nuire à Sa Majesté.

Madame la duchesse d’Angoulême a dû avoir tous les diamans de la reine. Sa Majesté ne garda qu’une parure de perles, une paire de boucles d’oreilles, composées d’un anneau et de deux poires d’un seul diamant. Ces boucles et beaucoup de bijoux de fantaisie qui ne valaient pas la peine d’être emballés, étaient restés dans la commode de la chambre de Sa Majesté aux Tuileries, et ont sûrement été saisis par le comité qui s’empara du palais le 10 août.

Après avoir fait tous les préparatifs dont j’ai parlé, j’eus encore à remplir diverses commissions secrètes et toutes relatives au départ. J’étais à la veille de quitter moi-même Paris avec mon beau-père. La reine, n’ayant pas voulu qu’il y restât, dans la crainte des excès où le peuple pourrait se porter, au moment de son évasion, contre ceux dont le dévouement à sa personne était connu, avait dit à M. Vicq-d’Azyr de lui ordonner les eaux du Mont-