Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/149

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cette nouvelle nous fut confirmée, et deux jours après nous reçûmes une lettre de la reine, écrite sous sa dictée par un de ses huissiers[1], dont elle connaissait le dévouement et la discrétion. Elle contenait ces mots : « Je vous fais écrire de mon bain où je viens de me mettre pour soulager au moins mes forces physiques. Je ne puis rien dire sur l’état de mon ame ; nous existons, voilà tout. Ne revenez ici que sur une lettre de moi, cela est bien important. » Cette lettre, non signée, portait la date du jour de l’arrivée de la reine à Paris. Nous reconnûmes la main de celui qui l’avait écrite, et nous fûmes pénétrés d’attendrissement en voyant que dans un moment pareil, cette infortunée princesse avait daigné penser à nous. Après avoir reçu cette lettre, je retournai à Clermont où le comité de surveillance de l’Assemblée voulait nous faire arrêter ; mais, comme il fut prouvé que M. Campan était véritablement malade au moment de son départ de Paris, cette rigoureuse mesure n’eut pas lieu. Vers les premiers jours d’août, la reine me demanda de rentrer à Paris ; qu’elle n’y voyait plus de danger pour moi, et que mon prompt retour lui serait agréable. Je ne pourrai donc donner d’autres détails sur l’évasion de Leurs Majestés que ceux que j’ai entendu raconter par la

  1. Cet officier fut massacré dans la chambre de la reine, le 10 août 1792.
    (Note de madame Campan.)