Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Or. Sa Majesté eut aussi la bonté de regretter que mon service ne me mît pas dans la position de pouvoir partir avec elle, et voulut me donner cinq cents louis pour le voyage que j’avais à faire, jusqu’au jour où je pourrais la rejoindre. J’avais tout l’argent nécessaire, et je savais d’ailleurs combien il lui était important d’en conserver le plus possible ; je ne les acceptai point. Au reste, elle m’assura que le roi n’allait qu’aux frontières pour traiter de-là avec l’Assemblée, et ne quitterait la France que dans le cas où son plan et ses propositions ne produiraient pas l’effet espéré. Elle comptait sur un parti nombreux dans l’Assemblée, où beaucoup de gens, disait-elle, étaient guéris de leur première exaltation. Je partis donc le 1er juin, et j’arrivai le 6 au Mont-d’Or, attendant de jour en jour la nouvelle du départ. Enfin elle nous parvint. J’avais déjà préparé ce qui devait assurer ma sortie ; mais les mesures prises par l’Assemblée après le départ de Leurs Majestés eussent rendu cette sortie plus difficile que la reine ne l’avait pensé. J’étais prête à me mettre en route, lorsque j’entendis un courrier, venu de la petite ville de Besse, crier aux habitans du Mont-d’Or, avec des transports de joie, que le roi et la reine étaient arrêtés[1]. Le soir même,

  1. Voyez plus bas la note de la page 160, et dans les éclaircissemens fournis par madame Campan, ceux qui sont indiqués [***].
    (Note de l’édit.)