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pérer : on parlait du moment de l’acceptation de la constitution, des fêtes qui auraient lieu à cette occasion. La reine commençait à espérer un meilleur ordre de choses. La rixe entre les jacobins et les constitutionnels, le 17 juillet, lui avait cependant fait passer des momens affreux ; et le canon du Champ-de-Mars, tirant contre un parti qui demandait le jugement du roi, et dont les chefs étaient au sein même de l’Assemblée, avait laissé, dans l’esprit de la reine, les plus sinistres impressions.

Les constitutionnels, avec lesquels ses relations ne s’étaient pas ralenties par l’entremise des trois membres déjà nommés, avaient parfaitement servi la famille royale pendant sa détention.

« Nous tenons encore les fils qui font mouvoir cette masse populaire, » dit un jour Barnave à M. de J......., en lui montrant un gros volume sur lequel étaient enregistrés les noms de tous les gens que l’on faisait agir à volonté par la seule puissance de l’or. Il était en ce moment question d’en payer un nombre considérable pour s’assurer d’acclamations bien prononcées, lorsque le roi et sa famille reparaîtraient au spectacle à l’époque de l’acceptation de la constitution. Ce jour, qui pouvait faire entrevoir l’espérance du calme, arriva le 14 septembre ; les fêtes furent brillantes ; mais déjà de nouvelles alarmes empêchaient justement la famille de se livrer à aucun sentiment consolateur.

L’Assemblée législative, qui venait remplacer la Constituante, apportait, pour base de conduite, les