Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/18

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à vue d’œil, et s’appuyant contre la table :) — « Sire, je suis trop troublé pour répondre à Votre Majesté d’une manière...... — Remettez-vous, M. le cardinal, et passez dans mon cabinet, vous y trouverez du papier, des plumes et de l’encre ; écrivez ce que vous avez à me dire. » Le cardinal passa dans le cabinet du roi, et revint, un quart-d’heure après, avec un écrit aussi peu clair que l’avaient été ses réponses verbales ; le roi dit alors : « Retirez-vous, Monsieur. » Le cardinal sortit de la chambre du roi avec le baron de Breteuil qui le fit arrêter par un sous-lieutenant des gardes-du-corps, avec ordre de le mener jusqu’à son appartement. M. d’Agoult, aide-major des gardes-du-corps, s’en empara ensuite, et le conduisit à son hôtel et de-là à la Bastille. Mais pendant que le cardinal n’avait avec lui que le jeune sous-lieutenant des gardes, fort troublé lui-même d’avoir à exécuter un pareil ordre, son éminence rencontra son heiduque à la porte du salon d’Hercule ; il lui parla en allemand, puis demanda au sous-lieutenant s’il pouvait lui prêter un crayon ; l’officier lui donna celui qu’il portait sur lui, et le cardinal écrivit à M. l’abbé Georgel, son grand-vicaire et son ami, de brûler, à l’instant même, toute la correspondance de madame de Lamotte, et, en général, toutes ses lettres[1]. Cette commission fut exécutée avant que

  1. La Correspondance secrète, en rapportant les mêmes cir-