Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/186

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l’ordre, après avoir accepté lui-même la constitution ; qu’il marcherait ferme sur cette ligne, parce que, dans ce cas, la ruse serait funeste, et qu’il embrassait ce parti parce qu’il lui était démontré que les puissances étrangères ne serviraient pas la cause du roi sans se prévaloir de prétentions dictées par les plus anciens intérêts, et qui resteraient toujours dans l’esprit de leur conseil ; qu’il ne voyait de salut pour le roi et pour la reine que dans l’intérieur de la France, en cherchant tous les moyens de calmer les craintes et de réunir les esprits ; qu’il allait servir le roi constitutionnel, comme il le servait avant que la révolution eût amené la nécessité de fixer les destinées de la France par un nouveau code. Enfin il me priait de faire connaître à la reine les véritables sentimens d’un des agens de Sa Majesté dans une cour étrangère. À l’instant même, j’entrai chez la reine et lui remis la lettre de mon frère ; elle la lut avec attention, et me dit : « Cette lettre est d’un jeune homme que le mécontentement et l’ambition ont égaré ; je sais que vous ne pensez pas comme lui ; ne craignez pas de perdre ma confiance et celle du roi. » Je lui proposai de cesser toute correspondance avec mon frère ; elle s’y opposa en me disant que cela serait dangereux. Alors je la priai de vouloir bien me permettre de lui montrer à l’avenir mes lettres et les siennes ; elle y consentit. J’écrivis avec force à mon frère contre le parti qu’il prenait. Je faisais passer mes lettres par des occasions sûres : il