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étrangères. Il partit pour Pétersbourg, fortement recommandé à M. le comte de Ségur, ministre de France dans cette cour, qui le fit nommer secrétaire de légation. Quelque temps après, le comte de Ségur le laissa à Saint-Pétersbourg chargé des affaires de France[1].

Mon frère avait quitté Versailles, le cœur profondément blessé d’avoir perdu un état considérable pour avoir écrit un mémoire que son zèle seul avait dicté, et dont l’importance ne fut que trop reconnue dans la suite. Je m’étais aperçue dans sa correspondance qu’il penchait pour quelques-unes des idées nouvelles, et j’en étais alarmée, lorsqu’il m’écrivit une lettre qui ne me laissa plus de doute sur ses opinions. Il me disait qu’il ne devait pas me cacher qu’il embrassait le parti constitutionnel ; que le roi lui en avait fait donner

  1. M. Genet fut nommé, depuis son retour de Russie, ambassadeur auprès des États-Unis par la faction dite des Girondins, les députés qui la dominaient étant du département de la Gironde. Peu après, il fut rappelé par le parti de Robespierre qui renversa cette première faction le 31 mai 1793, et condamné à paraître à la barre de la Convention, c’est-à-dire à monter sur l’échafaud. Le vice-président Clinton, alors gouverneur de New-York, lui offrit à cette époque un asile dans sa maison et la main de sa fille, Cornélie Clinton. Le crime de M. Genet était d’avoir exécuté les instructions qu’en partant il avait reçues du parti qui dominait alors. Il s’est fixé en Amérique, et y vit en riche cultivateur et en père de famille estimé.
    (Note de madame Campan.)