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parler de l’inquiétude que lui donnait un garçon du château, patriote. Il revint me demander encore si j’avais entendu ouvrir la porte de Decret. L’ayant assuré que personne n’avait passé dans le corridor, il fut tranquillisé. Il craignait vivement que l’on ne découvrît ses relations avec Barnave. « Ce serait, dit le roi, un sujet de graves dénonciations, et le malheureux serait perdu. » Je me permis alors de représenter à Sa Majesté que, n’étant pas la seule dans le secret des affaires qui l’amenaient près de Leurs Majestés, un de ses collègues pouvait être tenté de parler d’un rapprochement dont ils devaient être honorés, et que l’on risquerait de dégager ces messieurs d’une partie de la responsabilité du secret, en leur faisant connaître par ma présence que j’en étais instruite. Sur cette remarque, le roi me quitta brusquement et revint un moment après avec la reine. « Donnez-moi votre poste, me dit-elle. Je vais l’attendre à mon tour. Vous avez convaincu le roi. Il ne faut pas augmenter, à leurs yeux, le nombre des personnes instruites de leurs communications avec nous. »

La police de M. de Laporte, intendant de la liste civile, le fit prévenir, dès la fin de 1791, qu’un homme des offices du roi, qui s’était établi pâtissier au Palais-Royal, allait rentrer dans les fonctions de sa charge que lui rendait la mort d’un survivancier ; que c’était un jacobin si effréné, qu’il avait osé dire que l’on ferait un grand bien à la France en abrégeant les jours du roi. Ses fonctions se bornaient