Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ma parole que, si nous avons le bonheur de voir tout ceci terminé, je dirai chez la reine, en présence de mes frères, tous les services importans que vous nous avez rendus, et je vous en récompenserai vous et votre fils. » Je me jetai aux pieds du roi, et baisai sa main. Il me releva en disant : « Allons, allons, ne vous chagrinez pas ; la reine qui vous aime croit à vos sentimens aussi bien que moi. »

Les occasions de services mystérieux et secrets se renouvelaient à chaque instant. Des trois députés coalisés, Barnave était le seul qui n’avait pas vu le roi et la reine depuis le voyage de Varennes. On redoutait, plus pour lui que pour tout autre, l’espionnage de l’Assemblée.

Jusqu’au jour de l’acceptation, il fut impossible d’introduire Barnave dans l’intérieur du palais ; mais étant quitte de la garde intérieure, la reine lui fit dire qu’elle le verrait. Les précautions extrêmes que ce député devait prendre pour soustraire ses relations avec le roi et la reine, les forcèrent de passer deux heures à l’attendre inutilement dans un des corridors des Tuileries. Le premier jour qu’il devait être admis, un homme que Barnave savait être suspect l’ayant rencontré dans la cour du palais, il crut devoir la traverser sans s’arrêter, et se promena ostensiblement dans les jardins. J’avais été chargée d’attendre Barnave à une petite porte des entresols du palais, la main posée sur la serrure ouverte. J’étais dans cette position depuis une heure. Le roi venait m’y visiter souvent, et toujours pour me