Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/198

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pouvaient encore la relever, et rendre au trône sa splendeur ; qu’il ne fallait pas que la reine crût que les jacobins eussent le vœu public ; que les faibles s’y ralliaient parce qu’il n’y avait de force que là ; mais que le vœu général était toujours pour la constitution ; qu’on ne devait pas compter sur le parti des princes français entravés malheureusement par la politique des cours étrangères ; que la plupart des émigrés avaient déjà perdu, par des fautes de conduite, beaucoup de l’intérêt que leurs malheurs devaient inspirer ; qu’il ne fallait pas non plus donner une confiance entière aux puissances étrangères dirigées par la politique de leurs cabinets, et non par les liens du sang ; que l’intérieur seul pouvait maintenir l’intégrité du royaume. Il terminait cette lettre en disant qu’il mettait aux pieds de Sa Majesté le seul parti national qui existât encore ; que la dénomination lui en faisait peur ; mais qu’elle ne devait pas oublier que les princes étrangers n’avaient pas aidé Henri IV à reconquérir ses États, et qu’il était monté sur un trône catholique, après avoir combattu à la tête d’un parti protestant.

Barnave et ses amis présumaient trop de leurs forces ; ils les avaient épuisées en combattant la cour. La reine le savait, et si elle paraissait avoir en eux de la confiance, c’était probablement par des motifs d’une politique qui, je l’avoue, ne pouvait que lui être funeste.