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les papiers du cardinal. La destruction de la totalité des correspondances de son éminence, et particulièrement de celle de madame de Lamotte, jeta une impénétrable obscurité sur toute cette intrigue. Madame, belle-sœur du roi, avait été la seule protectrice de cette femme, et cette protection s’était bornée à lui faire accorder une mince pension de douze ou quinze cents francs. Son frère avait été placé dans la marine royale, où le marquis de Chabert, auquel il avait été recommandé, ne put jamais en faire un officier estimable.

La reine chercha inutilement à se rappeler les traits de cette femme dont elle avait entendu parler comme d’une intrigante qui venait souvent, le dimanche, dans la galerie de Versailles ; et lorsqu’à l’époque où le procès du cardinal occupait toute la France, on mit en vente le portrait de la comtesse de Lamotte-Valois, Sa Majesté me dit, un jour où j’allais à Paris, de lui acheter cette gravure que l’on disait assez ressemblante, pour qu’elle vît si elle lui retracerait une personne qu’elle devait avoir aperçue dans la galerie[1].

    le valet de chambre, l’air effaré, la pâleur de la mort sur le visage, entre chez moi en me disant : Tout est perdu ; le prince est arrêté. Aussitôt il tombe évanoui et laisse échapper le billet dont il était porteur. » Le porte-feuille, renfermant les papiers qui pouvaient compromettre le cardinal, fut à l’instant placé à l’abri des recherches.

    (Note de l’édit.)

  1. On sait que le public, à l’exception des gens vêtus comme