Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/22

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la princesse de Marsan, jetèrent un cri d’indignation sur l’arrestation d’un prince de leur famille. Le clergé, depuis les cardinaux jusqu’aux jeunes séminaristes, ne contenaient pas l’expression de leur douleur pour la scandaleuse arrestation d’un prince de l’Église, et infiniment de personnes furent disposées à voir, sans aucune peine, l’humiliation de la cour, pour une démarche aussi peu mesurée.

Je dois suspendre ce que je rapporte sur la fameuse intrigue du collier, pour parler de cette femme de Lamotte. Non-seulement la reine, mais tout ce qui approchait Sa Majesté, n’avait jamais eu la moindre relation avec cette intrigante ; et, dans son procès, elle ne put indiquer qu’un nommé Desclos, garçon de la chambre de la reine, auquel elle prétendait avoir remis le collier de Bœhmer. Ce Desclos était un fort honnête homme ; confronté avec la femme de Lamotte, il fut prouvé qu’elle ne l’avait jamais vu qu’une fois chez la femme d’un chirurgien-accoucheur de Versailles, qui était la seule personne chez qui elle allait à la cour, et qu’elle ne lui avait point remis le collier. Madame Lamotte avait épousé un simple garde-du-corps de Monsieur ; elle logeait à Versailles dans un très-médiocre hôtel garni, à la Belle-Image ; et l’on ne peut concevoir comment une personne aussi obscure était parvenue à se faire croire amie de la reine, qui, malgré son extrême bonté, n’accordait d’audience que très-rarement, et seulement aux personnes titrées.

Le procès du cardinal est trop connu pour que