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m’approcha de lui, et, me tirant par la main, il m’embrassa sur les deux joues sans articuler un seul mot. Ce témoignage silencieux de sa satisfaction me troubla tellement, que j’en aurais, dans la suite, confondu le souvenir avec les rêves qui me retraçaient souvent mes infortunés souverains, si mes sœurs ne m’eussent pas rappelé que je leur avais confié cette preuve de bonté du roi, peu de momens après qu’il me l’eut donnée.

La crainte d’une nouvelle invasion des Tuileries fit faire les recherches les plus exactes dans les papiers du roi : je brûlai presque tous ceux de la reine. Elle mit dans un porte-feuille, qu’elle confia à M. de J***, ses lettres de famille, plusieurs correspondances qu’elle jugeait nécessaire de conserver pour l’histoire du temps de la révolution, et particulièrement les lettres de Barnave et ses réponses, dont elle avait fait des copies. M. de J*** n’a pu conserver ce dépôt, il a été brûlé. La reine laissa quelques papiers dans son secrétaire. De ce nombre était une instruction pour madame de Tourzel, sur le caractère de ses enfans et sur l’esprit et les moyens des sous-gouvernantes que cette dame avait sous ses ordres. Cet écrit que la reine avait fait à l’époque de la nomination de madame de Tourzel, ainsi que plusieurs lettres de Marie-Thérèse, remplies des meilleurs conseils et des instructions les plus louables, ont été imprimés, après le 10 août, par ordre de l’Assemblée, dans le recueil de toutes