Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les pièces trouvées dans les secrétaires du roi et de la reine.

Sa Majesté avait encore, sans compter l’argent courant de son mois, cent quarante mille francs en or. Elle voulait m’en remettre la totalité en dépôt ; mais je lui conseillai de garder quinze cents louis, une somme un peu forte pouvant, d’un moment à l’autre, lui être très-nécessaire. Le roi avait une quantité prodigieuse de papiers, et avait eu malheureusement l’idée de faire construire très-secrètement, par un serrurier qui travaillait près de lui depuis plus de dix ans, une cachette dans un corridor intérieur de son appartement. Cette cachette, sans la dénonciation de cet homme, eût été long-temps ignorée[1]. Le mur, dans l’endroit où elle était placée, était peint en larges pierres, et l’ouverture se trouvait parfaitement dissimulée dans les rainures brunes qui formaient la partie ombrée de ces pierres peintes. Mais, avant même que ce serrurier eût dénoncé à l’Assemblée ce que l’on a depuis appelé l’armoire de

  1. Voyez, sur ce serrurier qui se nommait Gamin, sur la confiance que lui accordait Louis XVI, et même sur l’espèce de familiarité que ce prince lui avait laissé prendre, la note (M) du tome Ier. Il est remarquable que Soulavie lui-même, dont ces détails sont extraits, s’y sert de ces mots, l’infâme Gamin, et lui reproche la pension de 1,200 fr. que lui donna la Convention lorsqu’il accusa Louis XVI d’avoir voulu l’empoisonner.
    (Note de l’édit.)