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cet attentat. Le valet de chambre, homme d’une très-grande vigueur, le tenait par les poignets et le mit à la porte. Ce misérable n’avait pas articulé une parole : le valet de chambre dit à la reine, qui lui parla avec bonté du danger auquel il s’était exposé, « qu’il ne craignait rien, et que, pour la seule défense de Sa Majesté, il avait toujours deux excellens pistolets sur lui. »

Le lendemain, M. de Septeuil fit changer toutes les serrures de l’intérieur du roi ; j’en fis autant pour celui de la reine.

À chaque instant, on nous disait que le faubourg Saint-Antoine se mettait en mouvement pour marcher sur le palais. Un des derniers jours de juillet, à quatre heures du matin, on vint me donner cet avis. Je fis à l’instant partir deux hommes dont j’étais sûre, qui avaient ordre de se rendre aux lieux ordinaires de rassemblement, et de venir promptement me rendre compte de la situation de la ville. On savait qu’il fallait une heure au moins avant que les faubourgs, réunis sur la place de la Bastille, fussent arrivés aux Tuileries. Il me paraissait suffisant, pour la sûreté de la reine, que tout ce qui l’environnait fût éveillé. J’étais entrée doucement dans sa chambre : elle dormait ; je ne la réveillai pas. Je trouvai dans le grand cabinet le général de W…, qui venait me dire que pour cette fois le rassemblement se dissipait. Ce général avait cherché à plaire à la populace par les moyens qui avaient servi M. de La Fayette. Il saluait la moindre poissarde,