Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/235

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la circonstance où nous sommes, quelques paroles bien articulées, adressées aux Parisiens qui lui sont dévoués, centupleraient les forces de notre parti ; il ne les dira pas. Que pouvons-nous attendre de ces adresses au peuple, qu’on lui a conseillé de faire afficher ? Rien que de nouveaux outrages. Pour moi, je pourrais bien agir et monter à cheval, s’il le fallait. Mais, si j’agissais, ce serait donner des armes aux ennemis du roi ;

    les lire la première demi-heure de chaque séance ; remettait les mémoires qui méritaient quelque attention aux ministres qu’ils concernaient ; allumait les autres, ainsi que le journal, à la bougie qui était près de lui, et les jetait enflammés sur le parquet. Pendant tout ce temps-là, les ministres faisaient le rapport des affaires de leur département, et le roi les entendait si bien que, dans une affaire délicate, rapportée pendant sa lecture par M. Cahier de Gerville, et renvoyée à la huitaine pour y prononcer, Sa Majesté nous étonna, lors du second rapport sur cette même affaire, par l’exactitude avec laquelle elle releva l’omission d’un fait très-important pour la décision, et dont M. Cahier de Gerville ne se souvenait plus. Il est vrai qu’aucun de nous ne pouvait lutter de mémoire avec le roi ; je n’en ai jamais connu d’aussi sûre. Son jugement ne l’était pas moins, non-seulement dans les affaires, mais sur la rédaction des proclamations, lettres ou discours adressés à l’Assemblée. Je puis attester, en effet, que toutes les pièces importantes en ce genre, qui ont paru pendant mon ministère, ont été soumises à l’examen particulier du roi, après avoir été discutées et souvent rédigées au comité des ministres, et qu’il en est bien peu auxquelles Sa Majesté n’ait fait des corrections parfaitement justes. » (Mémoires de Bertrand de Molleville, tom. I.)

    (Note de l’édit.)