Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/250

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du cabinet du roi, me dit : « Attendez dans mon appartement, je viendrai vous rejoindre, ou je

    beaucoup d’autres détails importans ; mais nous les plaçons dans les éclaircissemens sous la lettre (J), pour ne point interrompre le récit de madame Campan.

    « M. Rœderer, il faut le dire à sa louange, épuisa tous les moyens. Enfin, ne pouvant triompher de la colère du peuple, il la calma pendant quelques instans ; on lui accorda une demi-heure, et les dépositaires de la loi rentrèrent à l’instant dans la cour du château.

    » Ici se trouvèrent des obstacles d’un autre genre : la garde nationale faisait la meilleure contenance ; elle paraissait parfaitement disposée.

    » M. Rœderer lui représenta tout le danger ; il l’engagea à rester ferme à son poste ; il l’exhorta à ne pas attaquer ses concitoyens, ses frères, tant qu’ils resteraient dans l’inaction ; mais il pressentit le moment où le château serait attaqué. Il leur rappela les principes d’une défense légitime ; et leur fit la réquisition prescrite par la loi du mois de mai 1791, relative à la force publique. La garde nationale resta muette, et les canonniers déchargèrent leurs canons.

    » Que pouvait alors le département ? Il se joignit aux ministres du roi, et, d’un commun accord, tous le conjurèrent de se sauver avec sa famille et de se réfugier dans le sein de l’Assemblée nationale. « Ce n’est que là, Sire, dit M. Rœderer, au milieu des représentans du peuple, que Votre Majesté, que la reine, que la famille royale peuvent être en sûreté. Venez ; fuyons : encore un quart-d’heure, et la retraite ne dépendra peut-être plus de nous. »

    » Le roi hésitait, la reine témoignait le plus vif mécontentement. « Quoi ! disait-elle, nous sommes seuls ; personne ne peut agir… — Oui, Madame, seuls ; l’action est inutile....., la résistance impossible. » L’un des membres du département,