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projets, et qu’il n’y avait pas d’opinion politique qui pût faire trouver ces instances blâmables. Voyant que ce brave homme n’avait pu réussir, je crus obtenir davantage par ma présence ; mais Pétion persista dans son refus, et me menaça de m’envoyer à la Force. Plus cruel encore par le genre de consolation qu’il voulut me donner, il ajouta que je pouvais être certaine que toutes les personnes qui, en ce moment, étaient près de Louis XVI et de sa famille, n’y resteraient pas long-temps. En effet, deux ou trois jours après, la princesse de Lamballe, madame de Tourzel, mademoiselle sa fille, la première femme de la reine, celle du dauphin et de Madame, MM. de Chamilly et Hue, furent enlevés pendant la nuit et transférés à la Force.

Après le départ du roi et de la reine pour le Temple, ma sœur fut constituée prisonnière pendant vingt-quatre heures dans l’appartement que Leurs Majestés venaient de quitter.

Dès ce moment, j’eus la douleur d’être réduite à n’avoir plus de nouvelles de mon auguste et infortunée maîtresse que par la voie des journaux, ou par quelques détails que l’on obtenait des gardes nationaux qui faisaient le service du Temple.

Le roi et la reine ne m’avaient rien dit aux Feuillans du porte-feuille qui m’avait été remis en dépôt ; sans doute ils croyaient me revoir. Le ministre Roland et les députés qui composaient le gouvernement provisoire, étaient très-occupés de la recherche des papiers de Leurs Majestés. On fit fouiller