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communiquer avec son roi et prendre ses ordres, quelque attachement qu’on lui porte, on ne peut le servir qu’en obéissant à son propre jugement. La reine m’a dit : En cas de procès, ce porte-feuille contient toutes pièces du plus grand danger, s’il tombait entre les mains des gens de la révolution. Elle m’a parlé aussi d’une seule pièce qui, dans ce même cas, serait utile. C’est à moi d’interpréter ses paroles et de les considérer comme des ordres. Cela voulait dire : Vous sauveriez tel papier, vous détruiriez les autres s’ils étaient au moment de vous être ravis. Sans cela, avait-elle besoin de me donner des détails sur ce que renfermait ce porte-feuille ? L’ordre de le garder suffisait. Probablement il contient encore des lettres de la famille émigrée ; rien de ce qui peut être prévu ou décidé ne doit plus être utile, et il n’y a pas de fil politique qui ne soit coupé par la journée du 10 août et par l’emprisonnement du roi. Mais ma maison va être investie, je ne puis cacher un objet aussi volumineux ; je livrerais donc, par mon imprévoyance, ce qui peut causer la condamnation du roi. Ouvrons le porte-feuille ; sauvons la pièce indiquée ; détruisons les autres. Je pris un couteau, et je perçai un des côtés du porte-feuille. Je vis une quantité d’enveloppes avec les titres de la main du roi. M. Gougenot y trouva les anciens sceaux du roi[1], tels qu’ils étaient avant que l’As-

  1. C’était sans doute pour avoir à l’instant les anciens