Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/271

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semblée en eût fait changer la légende. Dans ce moment, nous entendîmes un grand bruit ; il consentit à nouer le porte-feuille, à le reprendre sous sa houppelande et à se rendre dans un endroit sûr pour exécuter ce que j’avais pris sur moi de décider. Il me fit jurer, au nom de ce que j’avais de plus sacré, que j’affirmerais, dans tous les cas possibles, que le parti que je prenais ne m’avait été dicté par personne, et que, quel qu’en fût le résultat, j’en prenais, pour mon propre compte, la louange ou le blâme. Je levai la main et lui fis le serment qu’il exigeait ; il sortit. Une demi-heure après, beaucoup d’hommes armés arrivent chez moi ; on met des factionnaires à toutes les issues ; on enfonce des secrétaires et des armoires dont on n’avait pas les clefs ; on fouille dans les vases et dans les caisses du jardin ; on visite les caves ; le commandant dit à plusieurs reprises : « Cherchez surtout les papiers. » Dans l’après-midi, M. Gougenot revint. Il avait encore sur lui les sceaux de France, et m’apportait un état de tout ce qu’il avait brûlé.

Ce porte-feuille contenait :

20 Lettres de Monsieur, 18 ou 19 de M. le comte d’Artois, 17 de madame Adélaïde, 18 de madame Victoire, beaucoup de lettres du comte

    sceaux, en cas de contre-révolution, que la reine m’avait recommandé de ne pas m’éloigner des Tuileries. M. Gougenot jeta un des sceaux dans la rivière de dessus le Pont-Neuf, et le second près du Pont-Royal.

    (Note de madame Campan.)