Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/28

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nal a été escroqué à son tour ; rien n’est plus aisé à juger, et il ne faut pas être Alexandre pour couper ce nœud gordien. »

L’opinion confirmée par le temps est que M. le cardinal avait été entièrement dupé par la femme de Lamotte et par Cagliostro. Le roi pouvait être dans l’erreur en le croyant complice dans cette misérable et coupable intrigue, mais j’ai répété fidèlement le jugement que Sa Majesté en avait porté.

Cependant l’opinion généralement répandue que la haine du baron de Breteuil pour le cardinal avait été cause du scandale et de l’issue de cette malheureuse affaire, contribua plus encore à sa disgrâce, que le refus qu’il avait fait de donner en mariage sa petite-fille au fils du duc de Polignac.

L’abbé de Vermond rejeta sur le ministre tout le blâme des fautes de prudence et de politique, commises dans l’affaire du cardinal de Rohan, et cessa d’être l’ami et l’appui du baron de Breteuil auprès de la reine ; comme il l’avait toujours été[1].


  1. Madame Campan connaissait l’importance de son témoignage dans l’affaire du collier. Ses manuscrits renferment deux relations de cette malheureuse affaire. L’une est celle qu’on vient de lire ; dans l’autre, dont le fond est le même, quelques circonstances sont présentées sous un jour différent, et plusieurs particularités, qui sont tout-à-fait nouvelles, ont un grand intérêt. C’est un fait curieux, par exemple, que la seconde entrevue de Bœhmer avec la reine, quand elle connaît enfin le mot de la fatale énigme. Le style de cette dernière relation est plus franc, a plus