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de nouvelles choses, et m’a expressément ordonné de vous dire qu’elle n’ajouterait jamais un diamant de vingt louis à ceux qu’elle possède.

B. Je le crois, Madame, elle en a moins besoin que jamais ; mais qu’a-t-elle dit sur l’argent ?

Vous êtes soldé depuis long-temps.

B. Ah ! Madame, vous êtes bien dans l’erreur ! On me doit une bien grosse somme.

Que voulez-vous dire ?

B. Il faut tout vous avouer ; la reine vous fait un mystère : elle a acheté mon grand collier.

La reine ! Elle vous l’a refusé, elle l’a refusé au roi qui voulait le lui donner.

B. Eh bien, elle a changé d’idée.

En changeant d’idée elle en aurait fait part au roi. Je n’ai pas vu ce collier dans les diamans de la reine.

B. Elle devait le porter le jour de la Pentecôte. J’ai été bien étonné de ce qu’elle ne l’a pas fait.

Dans quel temps la reine vous a-t-elle annoncé qu’elle s’était décidée à l’acquisition de votre collier ?

B. Elle ne m’a jamais parlé elle-même à ce sujet.

Qui donc a été son intermédiaire ?

B. Le cardinal de Rohan.

Elle ne lui a pas adressé la parole depuis dix ans ! Je ne sais par quelle intrigue, mon cher Bœhmer, mais vous êtes volé, le fait est certain.

B. Le reine fait semblant d’être mal avec Son Éminence ; mais il est très-bien avec elle.