Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/283

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Que voulez-vous dire ? La reine fait semblant d’être mal avec un personnage aussi marquant à la cour ! Les souverains font plutôt semblant d’être bien. Elle a fait semblant quatre ans de suite de ne pas vouloir acheter ni accepter votre collier ! Elle l’achète et fait semblant de ne s’en point souvenir, puisqu’elle ne le porte pas ! Vous êtes fou, mon pauvre Bœhmer, et je vous vois entortillé dans une intrigue qui me fait frémir pour vous et m’afflige pour Sa Majesté. Lorsque je vous demandai, il y a six mois, ce qu’était devenu ce collier, et où vous l’aviez placé, vous m’avez dit que vous l’aviez vendu à la sultane favorite.

B. J’ai répondu comme la reine le voulait : c’était elle qui m’avait fait ordonner par M. le cardinal de faire cette réponse.

Mais enfin, comment les ordres de Sa Majesté vous ont-ils été transmis ?

B. Par des écrits signés de sa main ; et depuis quelque temps, je suis forcé de les faire voir aux gens qui m’ont prêté de l’argent, pour parvenir à les calmer.

Vous n’en avez donc jamais reçu ?

B. Pardonnez-moi, j’ai touché en livrant le collier une somme de trente mille francs en billets de la caisse d’escompte, que Sa Majesté m’a fait donner par M. le cardinal ; et vous pouvez être bien sûre qu’il voit Sa Majesté en particulier ; car il m’a dit, en me remettant cette somme, qu’elle l’avait prise en sa présence dans un porte-feuille