Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me retirer : « Restez, me dit-il, vous êtes du nombre de celles qui partagez sincèrement la douleur de votre maîtresse. » Il s’approcha de la reine et la prit par la main : « Cette affaire vient d’être outrageusement jugée, ajouta-t-il ; elle s’explique cependant aisément. Il ne faut pas être Alexandre pour trancher ce nœud gordien. Le parlement n’a vu dans le cardinal qu’un prince de l’Église, un prince de Rohan, le proche parent d’un prince du sang, et il eût dû voir en lui un homme indigne de son caractère ecclésiastique, un dissipateur, un grand seigneur dégradé par ses honteuses liaisons, un enfant de famille aux ressources, comme il y en a tant dans Paris, et faisant de la terre le fossé. Il a cru qu’il donnerait d’assez forts paiemens à Bœhmer pour acquitter avec du temps le prix du collier ; mais il connaissait trop bien les usages de la cour, et n’est pas assez imbécile pour avoir cru madame de Lamotte admise

    geaient : un maître des requêtes, ami du prince, écrivait tout ce qui s’y était dit, et le faisait passer à ses conseils qui trouvèrent les moyens d’en instruire M. le cardinal et d’y joindre le plan de conduite qu’il devait tenir. »

    D’Eprémenil et d’autres jeunes conseillers ne montraient alors en effet que trop d’audace à braver la cour, trop d’ardeur à saisir l’occasion de l’attaquer. Ils ébranlaient les premiers l’autorité que leurs fonctions leur faisaient un devoir de rendre respectable. Il faut signaler des torts que leur infortune n’a depuis que trop expiés.

    (Note de l’édit.)