Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/295

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auprès de la reine, et chargée d’une semblable commission. »

Je ne prétends pas prononcer en dernier ressort contre la crédulité ou la malhonnêteté du cardinal, en rendant fidèlement le jugement du roi ; mais il perça dans le monde, et je devais les détails fidèles d’un entretien où il voulut bien l’articuler avec autant d’abandon. Il continua encore à parler de ce terrible procès, et voulut bien me dire : « Je vous ai sauvé un désagrément que vous auriez éprouvé sans utilité pour la reine : tous les papiers du cardinal ont été brûlés, à l’exception d’un petit billet de sa main, trouvé seul au fond d’un tiroir ; il est de la fin de juillet, et dit que Bœhmer a vu madame Campan qui lui a dit de prendre garde à l’intrigue dont il serait la victime ; qu’elle mettrait sa tête sur un billot pour soutenir que jamais la reine n’avait voulu du collier, et qu’elle n’en avait sûrement pas fait mystérieusement l’emplète. Avez-vous eu cette conversation avec cet homme ? » me dit le roi. Je répondis que je me rappelais lui avoir dit à peu près ces mots, et que j’en avais rendu compte à la reine. « Eh bien ! continua-t-il, on m’a fait demander si cela m’agréait que vous fussiez mandée pour comparaître, et j’ai répondu que, si cela n’était pas absolument indispensable, on me ferait plaisir de ne point mander une personne aussi rapprochée de la reine que vous l’êtes. Comment expliquer, par exemple, continua le roi,