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que cet homme ait écrit ce billet trois semaines avant le jour où je lui ai parlé, sans faire la moindre démarche auprès de la reine ou de moi ? »

M. Pierre de Laurencel, substitut du procureur-général, fit parvenir à la reine une liste des noms des membres de la grand’chambre, avec les moyens dont s’étaient servis les amis du cardinal pour gagner leurs voix pendant la durée du procès. J’ai eu cette liste à garder parmi les papiers que la reine avait déposés chez M. Campan, mon beau-père, et qu’à sa mort elle m’ordonna de garder. J’ai brûlé cet état, et je me rappelle que les femmes y jouaient un rôle affligeant pour leurs mœurs : c’était par elles, et à raison de sommes considérables qu’elles avaient reçues, que les plus vieilles et les plus respectables têtes avaient été séduites. Je ne vis pas un seul nom du parlement directement gagné.

À cette époque finirent les jours fortunés de la reine ; adieu pour jamais aux paisibles et modestes voyages de Trianon, aux fêtes où brillaient à la fois la magnificence, l’esprit et le bon goût de la cour de France ; adieu surtout à cette considération, à ce respect dont les formes accompagnent le trône, mais dont la réalité seule est la base solide.