Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/298

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que je leur ai dits. Il ne m’en reste que l’idée des ressources inépuisables des cabaleurs. Vous ne devez regarder cette circonstance que comme une indication du dessein, mais en aucune manière comme dangereuse. »

M. de La Fayette ne comptait pas autant qu’il me le disait sur l’obéissance de ces grenadiers, ci-devant gardes-françaises, puisqu’il posta à Sèvres et à Saint-Cloud des détachemens de la garde nationale non soldée pour garder ces passages de la rivière de Seine. Il m’en prévint et ordonna au commandant de ces postes de m’avertir s’il y avait lieu.

Ces dispositions me parurent insuffisantes pour la sûreté de la résidence royale. Je portai au conseil d’État la lettre de M. de La Fayette, et j’en pris texte pour proposer de renforcer Versailles de quelques troupes réglées. J’observai que la lettre de M. de La Fayette en fournissait un motif plausible, et présentait un moyen de satisfaire à la lettre du décret sanctionné par le roi, qui donnait l’initiative aux municipalités pour l’action des troupes réglées. Le roi, de l’avis de son conseil, approuva ma proposition et me chargea de l’exécuter. J’adressai en conséquence la lettre de M. de La Fayette à la municipalité de Versailles, après en avoir prévenu le maire. Cette pièce fut insérée dans le registre, et la délibération fut prise en conséquence de demander un renfort de troupes au pouvoir exécutif. Muni de cette autorisation, j’observai au ministre de la guerre que le régiment d’infanterie de Flan-