Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dre étant en route pour escorter, de Douai à Paris, un convoi d’armes destinées à la garde nationale parisienne, il serait à propos d’attirer ce corps à Versailles, lorsque sa mission aurait été remplie, afin d’éviter, du moins en partie, la fermentation que la venue d’une troupe de ligne dans la résidence royale ne manquerait pas d’occasioner à Paris et dans l’Assemblée nationale. Cette mesure fut adoptée par le conseil. Bailly dit dans son journal qu’il m’écrivit sur l’inquiétude que les districts de Paris en prenaient. Il ajoute que je lui répondis « que la venue de gens armés dans la résidence royale, annoncée par des bruits circonstanciés pour y annoncer la venue du régiment de Flandre, avait déterminé le roi de prendre à cet égard des mesures militaires. »

Je me rappelle d’autant moins ce que je pouvais entendre par-là, que je suis très-assuré de n’avoir pris aucune autre mesure militaire, que de faire prévenir le régiment de Flandre de marcher en gens de guerre sans se détourner de sa destination.

Il est vrai que le corps de ville de Paris, d’après ma réponse à Bailly, eut l’audace d’envoyer à Versailles quatre députés s’informer, des ministres du roi, des motifs de l’appel du régiment de Flandre. Ces députés descendirent chez moi ; et le sieur Dusaulx, l’un d’eux, membre de l’Académie des belles-lettres, porta la parole : il m’interrogea du ton le plus impérieux sur l’objet en question, en m’annonçant que son exécution aurait de fatales