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Il m’en avait même parlé, comme croyant la résidence du roi à Paris préférable en ce temps à celle de Versailles ; mais il aurait voulu sans doute qu’on s’y prît autrement pour y attirer Sa Majesté.

Après avoir lu au conseil la lettre de M. de La Fayette, je repris mon avis de l’après-dîner, en observant cependant qu’il n’était plus temps de revenir aux mesures que j’avais proposées alors, mais qu’il était pressant que le roi, avec sa famille et ses troupes réglées, partît pour Rambouillet. Alors la controverse entre M. Necker et moi s’échauffa plus vivement que la première fois. J’exposai les risques que le roi et sa famille allaient courir, s’ils ne les évitaient en partant. Je m’étendis sur les ressources qu’on aurait en quittant Versailles pour Rambouillet, et je finis par dire au roi : Sire, si vous êtes conduit demain à Paris, votre couronne est perdue. Le roi fut ému, et se leva pour aller parler à la reine qui, cette fois, consentit au départ. M. Necker dit dans un de ses ouvrages : Lui seul (le roi) devait prendre un parti, et il résolut de rester à Versailles. Entre un grand nombre de personnes, une seule, autant qu’il m’en souvient, se prononça pour le départ, sans aucune modification.

C’est probablement à moi que M. Necker attribue cette opinion isolée, mais sa mémoire l’a mal servi, car il est de fait que MM. de Beauvau, de La Luzerne et de La Tour-du-Pin furent constamment de mon avis.