Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/309

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M. Necker passe sous silence l’ordre que le roi, en entrant au conseil, me donna de faire préparer ses voitures, ce qui termina la séance. Je prévins Sa Majesté que j’allais exécuter ses ordres, faire partir pour Rambouillet ma femme et mes enfans, et m’y rendre moi-même pour m’y trouver à son arrivée. Je chargeai M. le chevalier de Cubières, écuyer cavalcadour, de porter aux écuries l’ordre d’atteler les voitures, et je me rendis chez moi pour mes arrangemens personnels. Après en être convenu avec madame de Saint-Priest pour son départ, je montai à cheval, enveloppé de mon manteau pour ne pas être remarqué, ce qui me réussit. J’avais à peine fait une demi-lieue, que la voiture de ma femme m’atteignit. Elle me prévint que M. de Montmorin lui avait fait dire que le roi ne partait plus ; « mais, ajouta-t-elle, je n’ai pas voulu contrevenir aux dispositions que vous aviez faites. » Je la priai de continuer sa route, bien heureux de la savoir, ainsi que mes enfans, éloignée de la scène à laquelle je m’attendais dès-lors pour le lendemain. Quant à moi, je revins sur mes pas, et rentrai par une des grilles du parc, d’où je renvoyai mes chevaux, et me rendis par les jardins chez le roi. J’y trouvai M. de La Fayette qui venait d’arriver. Il confirma à Sa Majesté toutes les assurances qu’il m’avait écrit de lui donner, et, sans faire aucune disposition nouvelle pour la sûreté du château, il alla se coucher, extrêmement fatigué de sa journée. Le roi, en se retirant, donna à son capitaine des