Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/314

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Ainsi se vérifia ce que j’avais dit au roi l’avant-veille à Versailles, que, s’il se laissait entraîner à Paris, il perdrait sa couronne. Je ne m’attendais pas alors que, de cette fausse démarche, dépendît aussi la vie de cet infortuné monarque.

Lorsque je me rappelle combien une résolution plus constante de quitter Versailles aurait eu probablement d’heureuses suites, je me sens encore aujourd’hui pénétré de regrets.

1o. Le sieur de Villars, aide-de-camp de M. de La Fayette, qui vint m’apporter sa lettre à Versailles, le 5 octobre, m’a dit qu’il avait été envoyé par son général au pont de Sèvres, savoir s’il était défendu ; et qu’en ce cas on eût rétrogradé. 2.o Madame de St.-Priest, étant arrivée à Rambouillet, y vit des députés de la ville de Chartres qui en est voisine ; ils venaient, au nom de leurs concitoyens, prier Sa Majesté de prendre asile dans leur ville ; l’assurer qu’ils détestaient l’insolence des Parisiens, et qu’ils sacrifieraient, pour le maintien de l’autorité de Sa Majesté, leurs biens et leurs vies ; exemple qui eût été immanquablement suivi par les autres villes, de proche en proche, et notamment par celle d’Orléans, parfaitement disposée pour la cause royale. Le maire de Rambouillet m’a depuis assuré que la supplique des députés de Chartres avait été transcrite dans les registres de la municipalité de Rambouillet ; elle doit s’y trouver encore aujourd’hui. 3.o L’Assemblée nationale, sous la présidence de Mounier, homme probe et qui voulait le bien