Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/317

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moment d’en faire usage était arrivé. Elle ne voulait pas en être privée.

Je m’opposai, avec toute la force des raisonnemens, à l’exécution de cette idée. Un meuble volumineux et destiné à des voyages ne pouvait sortir de la chambre de la reine sans donner lieu à beaucoup de soupçons, et peut-être de dénonciations. Enfin, il fut arrêté que M. F. S., de l’ambassade de Vienne, alors chargé des affaires en l’absence du comte de Mercy, demanderait à la reine, de la part de madame la gouvernante, un nécessaire semblable en tout au sien. Le soin de faire exécuter la commission de l’archiduchesse me fut donné publiquement ; la reine crut ce détour suffisant pour éloigner tout soupçon, mais elle se trompait. La connaissance des hommes manque plus particulièrement aux personnes nées sur le trône qu’à toute autre.

Je pressais vainement l’ouvrier de livrer son ouvrage ; il demandait encore deux mois pour le rendre, et le moment fixé pour le départ approchait. La reine, toujours beaucoup trop occupée de cette bagatelle, pensa qu’ayant effectivement commandé un nécessaire, sous le prétexte d’en faire présent à madame sa sœur, elle pouvait feindre le désir de l’en faire jouir plus vite en lui envoyant le sien, et m’ordonna de le faire partir.

Je donnai l’ordre à la femme de garde-robe, chargée de tous les détails de ce genre, de mettre le nécessaire en état d’être emballé et transporté,