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de la part de la reine, chez M. de ...., pour qu’il le fît passer à Bruxelles.

Cette femme s’acquitta ponctuellement de la commission ; mais le soir même, 15 mai 1791, elle fit savoir à M. Bailly, maire de Paris, qu’il se faisait chez la reine des apprêts pour un départ, et que le nécessaire était déjà parti, sous le prétexte d’en faire don à madame l’archiduchesse Christine.

Il avait fallu de même faire passer la totalité des diamans appartenant à la reine. Sa Majesté s’était établie avec moi dans un cabinet d’entresol donnant sur le jardin des Tuileries, et nous emballâmes dans une petite caisse tout ce qu’elle possédait en diamans, rubis et perles. Les écrins, qui contenaient toutes ces parures, formant un volume considérable, avaient été déposés, dès le 6 octobre 1789, chez le valet de chambre joaillier. Ce serviteur fidèle, s’étant de lui-même expliqué l’emploi que l’on devait avoir fait des pierreries, avait détruit toutes ces boîtes couvertes, selon l’usage, en maroquin rouge, orné du chiffre et des armes de la reine. Aux visites domiciliaires, en janvier 1793, il lui aurait été impossible de les soustraire aux yeux des inquisiteurs populaires, et cette découverte eût pu fournir un motif d’accusation contre la reine.

Je n’avais plus que quelques pièces à placer dans la boîte, lorsque la nécessité de descendre pour le jeu qui avait lieu à sept heures précises, força la reine de suspendre cette occupation. Elle m’or-