Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/327

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eaux du Mont-d’Or, et la première effervescence populaire étant calmée, je crus pouvoir retourner à Clermont. Le comité de surveillance ou de sûreté générale avait voulu m’y faire arrêter ; mais M. l’abbé Louis, ancien conseiller au parlement, alors membre de l’Assemblée constituante, voulut bien affirmer que j’étais en Auvergne uniquement pour rendre des soins à mon beau-père qui était extrêmement malade. On borna les précautions relatives à mon absence de Paris, à nous mettre sous la surveillance du procureur de la commune qui était en même temps président du club des jacobins ; mais il était aussi médecin estimé, et, sans me douter des ordres secrets qu’il avait reçus relativement à moi, j’avais cru favorable à notre tranquillité de le préférer pour soigner mon malade. Je le payai sur le pied des meilleurs médecins de Paris ; et je demandai une visite du matin et du soir. J’avais pris la précaution de ne m’abonner que pour le Moniteur. Souvent le docteur Monestier (c’était le nom de ce médecin) se chargeait de nous en faire la lecture. Lorsqu’il voulait s’exprimer sur le compte du roi et de la reine avec les expressions injurieuses et grossières malheureusement adoptées à cette époque par toute la France, je l’arrêtais et lui disais sans emportement : « Monsieur, vous êtes ici avec les propres serviteurs de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Quels que soient les torts que la nation croie avoir à leur reprocher, nos principes nous interdisent de perdre le respect que nous