Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/328

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leur devons. » Patriote exaspéré, il n’en sentait pas moins la justesse de cet argument, et fit même révoquer un second ordre de nous arrêter, en répondant de nous au comité de l’Assemblée et à la société des jacobins.

Les deux premières femmes du dauphin, qui avaient accompagné la reine jusqu’à Varennes, Diet, son huissier, et Camot, son garçon de toilette ; les premières, à raison du voyage, les seconds, par suite des dénonciations de la femme de garde-robe, furent mis dans les prisons de l’Abbaye. Après mon départ, le garçon de toilette, que j’avais mené chez madame Vallayer-Coster, avait été chargé d’y porter le porte-feuille qu’elle était convenue de recevoir. Cette commission n’avait pu échapper à l’odieux espion de la reine. Elle dénonça la sortie d’un porte-feuille la veille du départ, ajoutant que le roi l’avait placé sur la bergère de la reine ; que le garçon de toilette, l’ayant enveloppé d’une serviette, l’avait mis sous son bras ; qu’elle ignorait où il avait dû le porter. Cet homme, remarquable par sa fidélité, subit trois interrogatoires sans faire le moindre aveu. M. Diet, homme fort bien né, serviteur sur lequel la reine comptait essentiellement, éprouva aussi les traitemens les plus durs. Enfin, après trois semaines, la reine obtint l’élargissement de ses serviteurs.

La reine me fit écrire, vers le 15 août, que je pouvais revenir à Paris sans craindre d’y être arrêtée, et qu’elle désirait beaucoup mon retour. Je