Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/332

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Madame Thibaut, première femme de la reine, gagna Bruxelles sans la moindre difficulté. Madame Cardon, partie d’Arras, n’éprouva aucun empêchement ; et Léonard, coiffeur de la reine, traversa Varennes peu d’heures avant la famille royale. Le sort avait réservé tous les obstacles pour l’infortuné monarque.

Le commencement de la route se passa sans événemens ; quelques réparations à faire à la voiture arrêtèrent un peu de temps les voyageurs à douze lieues de Paris. Le roi voulut monter une montagne à pied, et ces deux circonstances complétèrent le retard de trois heures pour le moment précis où la berline devait rencontrer, avant Varennes, le détachement commandé par M. Goguelat. Ce détachement s’était bien rendu au poste indiqué, avec l’ordre d’y attendre un trésor pour l’escorter ; mais les paysans des lieux environnans, alarmés de voir ce corps de troupes, vinrent armés de bâtons, et firent plusieurs questions qui manifestaient de l’inquiétude. M. Goguelat, craignant d’occasioner un attroupement, et ne voyant pas arriver la voiture attendue, divisa ses gens en deux pelotons, et leur fit malheureusement quitter la grande route pour regagner Varennes par deux chemins de traverse[1]. Le roi mit la tête à la por-

  1. Madame Campan attribue ici à M. de Goguelat des dispositions prises par M. le duc de Choiseul, et dont il donne les motifs page 84 de ses Mémoires.
    (Note de l’édit.)