Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lente, s’était jetée sur un lit, jugeant qu’elle servait les projets de ses maîtres. Elle pleurait et demandait du secours. Parfaitement entendue par la reine, Sa Majesté refusait d’abandonner, dans l’état de souffrance où elle se trouvait, une femme qui s’était dévouée à les suivre. Ce qui faisait le motif de leurs espérances étant celui de la crainte des gens qui les avaient arrêtés, on n’en précipita pas moins le départ. Les trois gardes-du-corps (Valory, Dumoutier et Malden) furent garrottés et attachés sur le siége de la voiture.

Une horde de gardes nationaux animés par la fureur et la joie barbare que leur inspirait leur funeste triomphe, environnait la voiture de la famille royale.

Les trois commissaires envoyés par l’Assemblée à la rencontre du roi, MM. de Latour-Maubourg, Barnave et Pétion, les joignirent aux environs d’Épernay. Les deux derniers montèrent dans la voiture du roi ; déjà la bande de furieux, qui environnait les illustres victimes, avait massacré sous leurs yeux M. de Dampierre, chevalier de Saint-Louis, habitant une terre dans les environs de Varennes. Il était accouru pour donner à son souverain une simple preuve de son respect. Une mort cruelle avait été le prix de cet empressement naturel à tous bon Français. À quelque distance d’Épernay, un curé de village ose de même s’approcher du cortége, avec le seul désir d’apercevoir les traits de l’infortuné monarque. Il est à