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On proposa aux députés de manger d’une cantine de volaille et de pâtisserie qui était dans la voiture du roi. Pétion accepta avec empressement ; madame Élisabeth lui versait à boire. Le député Pétion, affectant sans doute les manières les plus faciles, tapait son verre sous le gouleau de la bouteille pour indiquer qu’il avait assez de vin. La dignité de Barnave, révoltée de ces manières grossièrement affectées, refusa de manger. Pressé par la reine de prendre quelque chose : « Madame, répondit Barnave, les députés de l’Assemblée nationale, dans une circonstance aussi solennelle, ne doivent occuper Vos Majestés que de leur mission, et nullement de leurs besoins. » Cette conduite de Barnave, s’étant soutenue pendant toute la route, a naturellement attiré une favorable impression sur l’esprit de la reine et de madame Élisabeth ; et les princesses eurent avec lui, dans les villes où le triste cortége se reposa, plusieurs conversations particulières. Elles le trouvèrent plein d’esprit et de sages intentions, très-attaché au système de monarchie constitutionnelle, mais sentant les dangers incalculables qu’amènerait en France un gouvernement républicain.


[****] Page 188.

Sur l’administration de la maison de la reine.

Elle était subordonnée, pour ses dépenses, au