Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/376

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tème autrichien continuait de dominer en France, soutenu par les familles en crédit, excepté par le comte de Vergennes qui s’étudiait tous les jours à réprimer ses empiétemens. On a vu comment Joseph II, dans ces circonstances, ne rougit pas d’exiger de la France, ou de l’argent, ou l’ouverture de l’Escaut, ou de s’emparer de la Bavière qu’il eût peut-être conservée sans la déclaration définitive de Frédéric II qui avait plus d’énergie dans sa décrépitude, que M. de Vergennes dans la force de l’âge des diplomates. Fort du caractère opiniâtre de la reine et de la faiblesse de M. de Vergennes, Joseph II établit à Cologne, dans un poste important, l’archiduc Maximilien, et voulut bien devenir l’instrument de l’Angleterre pour dissoudre la coalition naturelle de la France et de l’Espagne pendant la guerre des colonies. Dans la même circonstance, il osa concevoir avec la Russie un plan de démembrement de notre éternelle amie, la Porte Ottomane, et, par ses négociations, ses ruses et ses intrigues, il parvint à si bien profiter de la crainte de M. de Vergennes d’avoir la guerre avec l’empereur, qu’il retira plus d’avantage de cette terreur où il nous retint, que des plus grandes victoires remportées contre nous. » (Mémoires historiques du règne de Louis XVI, tome V.)[1]


Note (D), page 33.

« Dès 1752, M. de Loménie avait résolu de se distinguer, non par la science, la piété et la modestie de son état, mais par l’audace et la nouveauté de ses opinions. La philosophie était encore à son aurore, qu’il se rendit célèbre par la fameuse thèse

  1. Il est aisé de reconnaître dans ces lignes un partisan outré du système anti-autrichien : sa sotte admiration pour le duc d’Aiguillon, ses préventions et sa haine aveugle contre Marie-Antoinette trahissent l’abbé Soulavie mieux encore que son style.
    (Note de l’édit.)