Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/378

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Choiseul crut du bon ton et utile de la favoriser. Bientôt il mérita d’être noté comme un incrédule et un libertin, dans les Mémoires du dauphin, père de Louis XVI. Membre distingué par son siége, des états de Languedoc, il acquit bientôt la réputation d’un excellent administrateur. On n’a jamais su qu’il la devait en partie aux officiers de ma province, qui avaient la rare modestie de mettre sous ses yeux leurs propres rapports qui passaient pour être son ouvrage. L’histoire doit rendre à MM. de La Faye et de Montferrier, syndics de ma province, l’honneur qui leur est dû. L’archevêque de Toulouse, disait quelquefois le premier, passe pour un prélat ami de la liberté ; on ajoute qu’il veut être ministre : si jamais ses vœux sont satisfaits, j’avance qu’il ne sera qu’un tyran.

» M. l’archevêque de Toulouse n’est pas suffisamment connu dans cet ouvrage… Je dois le montrer tel qu’il fut dans ses propres écrits que j’ai eu en mon pouvoir. Je lui dois, je me dois à moi-même de publier tout ce qu’il dit, dans ses Mémoires secrets, sur sa retraite du ministère et sur l’origine de sa nomination au cardinalat. Voici comme s’exprime le prélat :

« Je me servis alors de M. de Mercy pour parler à M. Necker. Je me servis d’autant plus volontiers de cet intermédiaire, que je savais qu’il serait agréable à la reine, et qu’il s’en chargerait volontiers de son côté ; et, tels étaient la faiblesse et le caractère du roi, qu’il voulut que M. Necker crût qu’il désirait son retour.

» Celui-ci, charmé d’être rappelé, ne voulut pas d’abord accepter. Il dit à M. de Mercy que, sous un ministre qui, comme moi, avait perdu la faveur publique, il ne pouvait faire aucun bien. Je ne voulus pas que M. Necker, dont je connaissais l’ambition et l’amour-propre, fît des conditions avec le roi ; et je priai M. de Mercy d’insister pour qu’il acceptât sans en faire aucune : je voulais bien me retirer ; mais je ne voulais pas que M. Necker me renvoyât.

» Le désir de rappeler M. Necker venait à la reine, non-seulement des suggestions de M. de Mercy et du désir qu’elle