Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour étendre, s’il était possible, ce complot dans différentes provinces. »

» Le lendemain de l’arrestation de M. et de madame de Favras, on répandit avec la plus grande profusion, dans la capitale, un bulletin conçu en ces termes :

« Le marquis de Favras, place Royale, a été arrêté avec madame son épouse, la nuit du 24 au 25, pour un plan qu’il avait fait de soulever trente mille hommes, pour faire assassiner M. de La Fayette et le maire de la ville, et ensuite de nous couper les vivres. Monsieur, frère du roi, était à la tête.

» Signé Barrauz. »

» Cette dénonciation publique du frère du roi, rapidement aggravée par les commentaires des factieux et par les exagérations de la calomnie, excita la plus grande fermentation dans la capitale, non-seulement contre ce prince, mais contre le roi lui-même qu’on supposait être d’intelligence avec son frère. Une explosion violente et prochaine semblait inévitable ; et certainement elle aurait eu lieu, si Monsieur, à qui il n’était pas permis de mépriser les dangers dont le roi et la famille royale n’étaient pas moins menacés que lui, n’avait pas pris le seul parti qui pût dissiper cet orage. Ce prince se rendit à l’assemblée des représentans de la commune, le 26 décembre, et y fut reçu avec tous les égards qui lui étaient dus. « Messieurs, leur dit-il, le désir de repousser une calomnie atroce m’amène au milieu de vous. M. de Favras a été arrêté hier par ordre de votre comité des recherches, et l’on répand aujourd’hui avec affectation que j’ai de grandes liaisons avec lui. J’ai cru devoir au roi, à vous et à moi-même, de venir vous instruire des seuls rapports sous lesquels je connais M. de Favras. »

» Après avoir exposé, avec autant d’exactitude que de simplicité, les faits relatifs à l’obligation de deux millions, tels que je les ai rapportés, Monsieur ajouta : « Je n’ai point vu M. de Favras, je ne lui ai point écrit, je n’ai eu aucune communication quelconque avec lui ; ce qu’il a fait d’ailleurs m’est parfaitement inconnu. Cependant j’ai appris qu’on distribuait