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Je n’ignore pas qu’outre Clément-le-Grand, les ministres des maisons de Bourbon et le marquis de Pombal ont eu part à la destruction de leur ordre. Leurs efforts seront appréciés par la postérité qui leur élèvera des autels au temple de mémoire.

Si je pouvais haïr, j’exécrerais cette race d’hommes qui persécuta Fénélon, enfanta la bulle In cœna Domini, et rendit Rome si méprisable. Adieu.

Joseph.
Vienne, juillet 1773.

Note (H), page 133.

« La rumeur fut grande à Paris lorsque l’on eut la certitude du départ de Mesdames ; le roi ne put se dispenser d’en instruire l’Assemblée par une lettre dont voici le contenu :

« Messieurs, ayant appris que l’Assemblée nationale avait donné à examiner au comité de constitution une question qui s’est élevée à l’occasion d’un voyage projeté par mes tantes, je crois à propos d’informer l’Assemblée que j’ai appris ce matin qu’elles étaient parties hier soir à dix heures. Comme je suis persuadé qu’elles ne pouvaient être privées de la liberté qui appartient à chacun d’aller où il veut, j’ai cru ne devoir ni pouvoir mettre aucun obstacle à leur départ, quoique je ne voie qu’avec beaucoup de répugnance leur séparation d’avec moi.

» Signé Louis. »

» Malgré cette lettre, les deux partis qui divisaient l’Assemblée étaient dans la plus grande fermentation, lorsqu’on reçut la nouvelle de l’arrestation de Mesdames par la municipalité de Moret. On apprit en même temps que les chasseurs de Lorraine les avaient délivrées. Cet incident augmenta la chaleur des débats ; on sut que des particuliers avaient devancé Mesdames, semant dans le peuple tous les bruits dont les conspirateurs remplissaient les journaux. Ils prodiguaient l’argent et le ré-