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soirée, plusieurs de ses émissaires avaient parcouru les faubourgs, et avaient questionné un grand nombre d’ouvriers, mais heureusement toutes ces perquisitions n’aboutirent à rien.

» La lettre que le roi recevait de moi tous les matins l’instruisait des ordres que j’avais donnés pour le lendemain, relativement à la direction des tribunes, et comme il avait toujours quelque personne de confiance à l’Assemblée, pour être exactement informé de ce qui s’y passait, il avait été à portée de juger avec quelle fidélité et quel succès les ordres que je donnais étaient exécutés ; aussi Sa Majesté me marquait-elle, dans presque toutes les réponses aux lettres de cette semaine : « Les tribunes vont bien…, toujours bien…, de mieux en mieux…, à merveille… » Mais la scène violente du samedi lui donna de l’inquiétude.

» Le lendemain, lorsque je parus au lever, Leurs Majestés et madame Élisabeth m’adressèrent le regard le plus gracieux et le plus satisfait. Au retour de la messe, le roi, rentrant dans sa chambre et passant auprès de moi, me dit, sans se retourner et assez bas pour n’être entendu que de moi : « Fort bien, mais trop vite, je vous écrirai. » En effet, dans la lettre que le roi me renvoya le même jour avec sa réponse, il me marqua : « Que l’épreuve avait réussi au-delà de ses espérances, mais qu’il y aurait du danger, surtout pour moi, à la prolonger ; qu’il fallait réserver ce moyen pour le besoin, et qu’il m’avertirait quand il en serait temps. » (Mémoires particuliers pour servir à l’histoire, etc., par Bertrand de Molleville, tome II.)


Note (J), page 246.

Récit historique des faits qui se sont passés au château des Tuileries, dans la nuit du 9 au 10 août 1792, et dans la matinée du 10.

« Avant, de rentrer au château, j’étais passé au département. J’avais vu M. le procureur-général ; le département devait res-